Il n'est pas possible de nous soustraire à l'ordre « corrompu » de l'État : y introduire une torsion supplémentaire, y inscrire notre fidélité à un Événement, voilà ce qui nous reste. Nous demeurons alors dans les frontières de l'État mais nous faisons fonctionner l'État de façon non étatique (de façon similaire à la poésie, qui est dans le langage mais le tord et le retourne contre lui-même pour lui faire dire la vérité). Rien ne sert de jouer le retrait gnostique et ascétique, de refuser la chute de la réalité et de s'isoler dans la tour d'ivoire de la Vérité : bien qu'hétérogène à la réalité, la Vérité peut apparaître n'importe où.
Slavoj Žižek, Vivre la fin des temps.

La longue (et lente) route du logiciel libre au Québec

Un article où je me retrouve pas mal et qui me permet de mesurer le chemin parcouru. Oui la route sera longue.
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/374085/la-lente-et-difficile-ascension-du-logiciel-libre-dans-l-appareil-gouvernemental

FACIL lance une large consultation populaire pour faire progresser l'informatique libre dans le secteur de l'éducation !

Comment faire progresser l'informatique libre dans les écoles, colléges, CEGEP et universités ?
 
Tel est le défi que s'est lancé l'association FACIL, « FACIL, pour l'Appropriation Collective de l'Informatique Libre ». C'est évidement un défi incroyablement ambitieux et c'est surtout la méthode que j'aimerais souligner : et bien tout simplement en demandant aux personnes concernées ! En laissant la population s'exprimer sur la question et en permettant de construire ensemble de manière collaborative des propositions et des projets ! 
 
Vous êtes un militant de FACIL ? Un parent d'élève ? un professeur ? un recteur d'Université ? Un employé d'une commission scolaire ? Un élève passionné par l'informatique libre ? ou tout simplement un citoyen qui se sent concerné ? Vous avez compris que rien ne changera si nous ne nous en occupons pas nous-même. Je vous invite à vous rendre sur le site de FACIL et découvrir cette belle initiative.
 
Deux liens pour vous impliquer :
 
http://facil.qc.ca/fr/node/1010
http://dc.facil.qc.ca/node/284
 
et voici le courriel de Mathieu-Gauthier Pilote qui, chez FACIL, coordonne l'initiative : "Mathieu Gauthier-Pilote" <mathieu.g.p@republiquelibre.org>
 
J'espère à bientot !!! et faites circuler, nous avons besoin de vous!
 
 
 

Frais de scolarité : une moitié de la solution.

Je sais qu'il sera difficile de se faire entendre dans le brouhaha actuel entourant le débat sur la hausse des frais de scolarité au Québec.
 
Je sais que beaucoup penseront que ce que je vais avancer ici n'est pas essentiel et n'aborde que superficiellement le véritable débat de société qui fait rage chez nous. Peut-être.
 
Alors que le mouvement étudiant prenait son envol, j'ai été frappé par le fait qu'au même moment, le gouvernement du Québec prenait la décision de lancer un vaste plan de migration de l'ensemble des postes informatiques de l'État et des organismes de la santé et de l'éducation vers Windows 7.
Le coût du projet est évalué à 1,4 Milliard de dollars. Il concerne 738 000 postes de travail. 88 000 pour la fonction publique, 150 000 pour la santé, et près de 500 000 pour l'éducation.
 
Vous pourrez lire un des rares articles paru sur le sujet, il y a deux semaines : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201203/29/01-4510778-un-milliard-pour-renouveler-les-postes-informatiques.php
 
Le coût pour le seul secteur de l'éducation est évalué à 904 millions de dollars.
 
Concernant la hausse des droits de scolarité, si l'on se réfère au document du Ministère du budget ( http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/Budget/2011-2012/fr/documents/Education.pdf ), l'augmentation se faisant progressivement, vous pourrez constater qu'en 2012, on s'attend à 41 M$ de revenu supplémentaire , en 2013 90M$, en 2014 144M$, en 2015 193 M$, en 2016 231 M$ et en 2017 265M$.
 
Soit un total de 964 millions de dollars pour la période 2012-2017.
 
Première remarque : ces 904 millions de dollars de dépenses pour la migration Windows 7 n'apporteront, à peu de chose près, aucun gain de productivité pour le secteur de l'éducation. Comme beaucoup d'entre vous le savent, cette dépense est due au fait que le fournisseur, Microsoft, cesse le support de windows XP et impose donc à ses clients le passage à la nouvelle version de leur produit.
 
Deuxième remarque : l'ensemble de ces coûts sont récurrents. L'État n'achète pas ces logiciels. Il achète un droit d'utilisation. Il paye, dans le fond, une dîme, une rente à une multinationale, pour lui permettre d'utiliser des logiciels qui pourtant existent pour la plupart gratuitement sur Internet.
 
Troisième remarque : l'utilisation de logiciels libres et de Linux dans le cas particulier qui nous intéresse ici (les postes de travail) est parfaitement adapté au secteur de l'éducation. Il est non seulement adapté mais aussi hautement souhaitable pour l'avenir du Québec. Je ne m'étendrai pas sur ce dernir point pourtant essentiel.
 
Quatrième remarque : certes, une migration vers les logiciels libres entraînerait des coûts de migration. Ils sont difficiles à chiffrer et sont sans doute important bien que probablement moindre que les coûts de migration Windows 7 (chiffré pour le secteur de l'éducation à 607 M$). À dire vrai, l'honnêteté intellectuelle voudrait que les coûts de migration vers les logiciels libres ne soient pas pris en compte. En effet, à la différence du modèle privatif, ceux-ci ne sont pas récurrents. Ils sont de véritables investissements (et je passe les bénéfices secondaires, comme la création d'emplois locaux).
 
Mais, là encore, ne chipotons pas. Même en considérant des coûts de 450 millions de dollars pour la migration vers les logiciels libres, une politique déterminée d'utilisation des logiciels libres dans le réseau de l'éducation permettrait une économie d'au moins 450 millions de dollars sur la période 2012-2017 et couvrirait près de la moitié de la hausse des frais de scolarité au Québec.
 
J'ai le sentiment que si le gouvernement arrivait avec une proposition de diminution de 50% de la hausse des frais de scolarité sur la table, les conditions seraient réunies pour sortir de l'impasse politique dramatique ( et lourde de conséquences) dans laquelle nous nous trouvons.

Migration des postes de travail : lettre ouverte d'un fonctionnaire de Québec

Si vous êtes un fonctionnaire de la fonction publique québécoise concerné par les technologies de l'information, cette lettre ouverte vous est destinée. Je l'ai reçue dans ma boîte aux lettres ce matin. Signée "Employé de la fonction publique du Québec", il s'agit de quelqu'un qui manifestement connait bien le sujet. Je trouve cette lettre très pertinente.

Économie du logiciel libre et noeud borroméen

Je fais souvent référence dans mes interventions au nœud borroméen pour représenter la logique du modèle économique du logiciel libre. Mais comme il s'agit de présentations orales, je me suis aperçu qu'il n'y avait nulle trace écrite de cela. Pour les curieux, j'ai retrouvé une réponse que j'avais faite à Travaux Publics Canada à un appel d'informations que ce ministère avait lancé sur le logiciel libre en 2009. Ce document est toujours d'actualité et s'appuie précisément sur le nœud borroméen :

20090222-TPSCG-LL-1.pdf


Bonne lecture !

Logiciel libre, malaise dans la société québécoise

Je suis intervenu mardi dernier à l'Université Laval dans le cadre du cours du Pr Daniel Pascot intitulé "Logiciel libre et sociétés". Vous trouverez plus bas mon intervention.

Le texte au format pdf est disponible sur le site de l'Université ici

Bonsoir à tous,

J'ai choisi d'intituler mon propos de ce soir : « Logiciel libre, malaise dans la société québécoise ». Ce titre évoque bien sûr le célèbre ouvrage de Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation. Ce choix n'est pas un hasard, de même que ce n'est pas un hasard si un jour, ici même, j'ai présenté le modèle économique du logiciel libre comme se soutenant du nœud borroméen. Cet étrange objet topologique fait de trois ronds de ficelles, dont chacun, agencé de telle manière, bien qu'aucunement lié l'un à  l'autre, permet à l'ensemble de tenir, de faire nœud. Ce nœud borroméen, je l'avais emprunté à un autre psychanalyste, Jacques Lacan. Et si ce soir, pour introduire mon propos, j'évoque le discours de la psychanalyse, c'est que c'est celui qui, en premier, repérait que l'avancée du discours de la Science inaugurait de profonds bouleversements dans nos sociétés.

À la société structurée autour de la fonction de l'exception paternelle, représentée dans nos sociétés par la cellule familiale classique ordonnée par le père, puis le maître d'école, le professeur d'Université, le leader politique et bien d'autres images... le discours de la science impose un ordre nouveau, fait d'experts, fait de managements et de managers, fait d'études statistiques et d'évaluations. Le citoyen et le collectif se retrouvent ainsi, peu à peu, démunis, déboussolés, désorientés devant l'avènement de ce discours qui réduit chaque jour un peu plus notre espace de liberté et qui, chaque jour, nous enferme dans une solitude que la saturation par de nouveaux objets de consommation ne fait qu'exacerber. Le malaise se repère dans tous les champs : la distribution massive et en constante augmentation du Ritalin dans nos écoles est un très bon exemple de cette substitution : le garant symbolique de l'institution n'est plus le maître d'école, mais la molécule chimique. L'éclatement de la cellule familiale classique est un autre bon exemple. Cette évolution mine maintenant l'ordre politique et les institutions publiques et même la souveraineté des états. Ainsi, j'entendais Line Beauchamp, notre ministre de l'éducation, il y a quelques jours à la télévision, déclarer : « Nous ferons ce que les experts nous diront. ». L'éducation, l'économie, la justice, la santé ne sont plus des questions politiques, ce sont des questions d'experts, des questions d'études et d'évaluations, des questions de management.

Le citoyen, représenté par ces institutions démocratiques, n'a plus grand chose à dire. Alors à quoi bon aller voter, à quoi bon s'impliquer, à quoi bon même avoir des institutions ? Où se trouve notre espace collectif et même individuel ? L'éthique... républicaine, si je puis dire, ne fait plus le poids face au discours purement comptable de l'expert et du gestionnaire. Les valeurs s'inclinent devant l'efficace qui rend tous les arrangements possibles.

Et c'est comme cela que j'ai entendu, si vous me permettez cette allusion à l'actualité québécoise récente, c'est dans ce sens que j'ai interprété cette formule de M. Duchesneau, directeur de l'unité anti-collusion, lorsqu'il écrit : « Les choses sont beaucoup plus graves qu'on ne le croit ». Les politiques et l'État, peu à peu, sans même qu'ils s'en soient rendus compte, se sont mis au service de ce nouveau maître. La carrière politique se résume à une question de marketing.

Cette situation, même si je fais allusion à la situation québécoise, est en fait, vous le savez, générale et touche la plupart des pays dans le monde, particulièrement les pays occidentaux. Il s'agit d'une crise mondiale que tous les pays, chacun avec leurs particularités, traversent. De nombreux intellectuels y réfléchissent depuis longtemps et j'en profite pour vous donner la référence de deux articles récents que j'ai trouvé, pour ma part, éclairants.

Le premier, qui est en fait un entretien, dans le journal le Monde, de Bertrand Badie, professeur à Sciences Po, est intitulé : « L'histoire moderne de l'homme politique est finie ». En passant, je conseille vivement la lecture de ce texte à celles et ceux qui s'interrogent sur la notion de souveraineté. Bertrand Badie, qui est interrogé sur la crise financière européenne, voit bien que derrière ces problématiques comptables se cachent des forces et des questions beaucoup plus profondes. Il identifie assez finement les enjeux et les graves défis pour nos sociétés liés aux avancées technologiques et scientifiques.

Le deuxième est intitulé : « L'intellectuel public, l'éthique républicaine et la fracture de l'ethos de la science » d'Ivan Domingues, professeur de philosophie au Brésil, qui nous propose une mise en perspective historique passionnante et qui isole parfaitement le rôle du discours de la science dans les ruptures et les crises des sociétés démocratiques contemporaines.

Tous deux esquissent, chacun de leur place, des pistes de solutions. Ils soulignent cependant tous deux que la réappropriation collective, et donc politique, des questions scientifiques et technologiques est nécessaire pour envisager ce monde qui sera post-moderne mais qui ne doit pas devenir post-démocratique.

C'est précisément à cette place qu'émerge la question du logiciel libre en tant que question politique.

Le décor étant maintenant planté, je vais essayer d'aller un peu plus loin et tenter de préciser cette place et son importance.

Pourquoi, dans le contexte que je viens d'évoquer, la question du logiciel libre est-elle si importante ? Pourquoi, de toutes les questions scientifiques et technologiques dont nous nous devons de nous réapproprier collectivement les enjeux, le logiciel libre tient-il une place particulière ?

Le premier élément de réponse nous a été donné par Lawrence Lessig dans son célèbre et génial texte intitulé « Code is law », « le code est la loi » en français. Ce texte, puisque vous suivez le cours de Daniel Pascot, vous devez le connaître sur le bout des doigts et je ne vais donc pas m'y étendre. Vous connaissez son argument déterminant : une part toujours croissante de nos interactions sociales, nos échanges économiques, culturelles, nos créations artistiques, est maintenant régulée par des logiciels. Un vaste champ de notre activité est donc dépendant de ces algorithmes qui façonnent en délimitant le champ des possibles, l'espace de nos libertés. Le code agit donc dans le cyberespace comme la loi. La question de savoir qui maîtrise le code est centrale pour l'avenir de nos sociétés démocratiques.

Je voudrais souligner pour ma part, que les nouvelles technologies de l'information sont à l'origine de l'extraordinaire accélération des progrès dans tous les domaines de la science : physique, chimie, astrophysique, biologique, médical, météorologique, etc. C'est aussi le cas dans les sciences humaines où la capacité de traiter en masse les informations ont permis des avancées spectaculaires : économie, géographie, éducation, psychologie.

L'avènement du code est donc au cœur de, à l'origine de, donne sa force à, tous ces mouvements tectoniques que nos sociétés vivent.

C'est ce qui donne, me semble-t-il, à la question de l'appropriation collective de l'informatique libre une place à part dans ce nouveau combat dans la société post-moderne.

Et même, je crois que nous pouvons dire que non seulement, ce combat est important mais qu'il est essentiel et déterminant pour l'avenir de nos sociétés démocratiques.

Cela passera-t-il par l'État ?

Pour revenir au texte de Lessig, vous noterez l'ambiguïté de la réponse de l'auteur à cette question. À la fois il appelle à une ré-implication de l'État tout en constatant la faillite contemporaine des démocraties.

Cette contradiction interne se révèle parfaitement et d'une manière vraiment exemplaire dans l'adoption de la loi Hadopi en France.

Mais avant d'aller plus loin, nous devons nous poser une autre question. Est-ce que le logiciel libre porte en soi les valeurs, les idéaux qui en fera une réponse juste et suffisante à ce que nous recherchons ?

Nombres des militants de la cause du libre soulignent les valeurs intrinsèques du logiciel libre : liberté, partage, collaboration, transparence et méritocratie seraient des valeurs suffisantes, fortes et significatives pour balayer toute interrogation.

Je voudrais vous mettre en garde contre cette vision naïve. En tant qu'entrepreneur, ce que je constate d'abord, c'est que si le logiciel libre connaît un essor fulgurant dans les entreprises, c'est qu'avant tout il est pour les organisations d'une efficacité redoutable.

Je dirais même, avec un brin de provocation, que le logiciel libre est sans doute ce que le capitalisme moderne a inventé de plus efficace.

C'est cela avant tout qui explique son succès et bien plus que ses valeurs. Valeurs que je ne conteste pas, mais qui ont des effets limités tout de même. L'hégémonie fulgurante et sans précédent d'une compagnie comme Google est un indicateur qu'il ne faut pas négliger. Celle de Facebook et d'autres réseaux sont là aussi pour nous interroger sur la nature émancipatrice du logiciel libre en soi.

Je remarque qu'il porte en lui-même un ordre ségrégatif, entre ceux qui maîtrisent la technologie et ceux qui en sont exclus, encore plus brutal et excluant, qu'auparavant.

Dans l'économie du libre, la dépendance entre le fournisseur et son client, certes, change de nature, mais reste peut-être plus forte et plus pernicieuse encore. Enfin pour finir, je soulignerai que la méritocratie, valeur centrale du libre, se résume à la loi du plus fort ou du plus malin et ne saurait constituer une valeur structurante dans la société post-moderne qui a davantage besoin, me semble-t-il, de réinventer les liens de solidarité.

En fait, pour conclure, le logiciel libre apparaît comme un véritable et nouvel espace de liberté. Soit il renforcera la dérive actuelle scientiste et managériale au détriment de la démocratie. Soit il pourra être l'outil puissant de réinvention de celle-ci. Cela ne pourra se faire en limitant le logiciel libre à sa dimension technologique ou d'efficace économique ; mais en associant, en rassemblant les divers groupes sociaux qui doivent en devenir les acteurs : économie sociale, utilisateurs, développeurs solitaires ou communautés de développeurs, entreprises productrices de services ou entreprises utilisatrices, etc.

C'est en maintenant la question du logiciel libre dans l'espace public que nous pourrons faire de cette formidable hypothèse que Richard Stallman a proposée au monde, un levier de notre émancipation et un outil pour bâtir un monde plus juste, plus libre et plus prospère et relever les défis prodigieux de notre époque.

Intervention en commission parlementaire sur la loi 133

Vous trouverez plus bas le contenu de mon intervention au cours des auditions de la commission parlementaire des finances sur la loi 133. Si vous souhaitez voir l'ensemble de l'audition (présentation et échanges avec les parlementaires) vous trouverez cela ici :

http://blogs.gplindustries.org/cyrilleberaud/CommissionFinance-APELL-133-QC.avi

Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les députés,

Je voudrais tout d'abord vous remercier de permettre à notre association de s'exprimer sur le projet de loi 133 portant sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement.

Nous avons effectivement la prétention de pouvoir contribuer à l'amélioration de cette gouvernance et de participer à ce débat dont les enjeux sont absolument essentiels pour l'avenir du Québec.

Les enjeux

En effet, ces vingt dernières années, l'écart des gains de productivité entre le secteur privé et le secteur public s'est accru significativement, ayant pour résultat, en proportion, un accroissement important des coûts pour les citoyens et ce, à services constants.
Cette situation, vous le savez, met l'État devant ce choix implacable : soit augmenter les taxes ou l'endettement, soit réduire les services. L'amélioration de la productivité de l'État s'avère être la seule solution.

La révolution des technologies de l'information et de la communication est au cœur de l'extraordinaire accroissement de productivité dans le secteur privé.  L'État doit donc prendre appui sur ces nouvelles technologies afin d'améliorer son efficacité.

Il y a une autre raison pour laquelle ces enjeux sont fondamentaux. À quoi bon promettre un système de santé efficace, à quoi bon promettre une ré-ingénierie ou une dé- bureaucratisation de l'État, si par l'incapacité à mener à bien les mutations de son système d'information, ces promesses non seulement restent vaines, mais en plus alourdissent le poids des charges des contribuables ? À chaque projet informatique qui échoue, c'est la parole publique, votre parole, qui est dévalorisée, discréditée. À chaque projet informatique qui échoue, c'est notre démocratie qui est mise en échec.

Ces deux raisons que je viens d'évoquer, au fond, vous les connaissez. J'aimerais en mentionner une troisième qui trouve ses fondements dans le fait qu'au cours de ces vingt dernières années, les ordinateurs ont commencé à communiquer entre eux. Cette mise en réseaux a permis de nouveaux gains en efficacité, de nouvelles possibilités pour chacun de nous et pour chaque organisation. Elle nous a permis de communiquer rapidement et collectivement, d'organiser notre travail ou notre mission différemment, de collaborer et de partager le fruit de notre travail. En numérisant l'ensemble de nos connaissances, cela nous a permis d'accéder aux savoirs des autres, mais également de permettre à d'autres d'accéder aux nôtres. Bref, de cette mise en réseaux, a émergé une nouvelle forme d'intelligence collective qui est bien plus que la somme des parties qui la compose. Ainsi, en se connectant, ces ordinateurs, ces données, ces applications qui les manipulent, sans que nous nous en apercevions, changent la nature même de l'outil. Celui-ci ne se limite plus à automatiser des processus de production. Mis en réseaux, il constitue désormais la colonne vertébrale, le système nerveux et la mémoire de l'État.

C'est ainsi que l'État est devenu dépositaire, sans même qu'il s'en soit rendu compte, d'une nouvelle responsabilité. Celle d'enrichir, de développer et de protéger ce qui constitue, non pas les actifs informationnels de l'État, mais ce que je préfère appeler pour ma part, le patrimoine numérique de l'État du Québec.

Ce patrimoine numérique est un bien public qui appartient à chaque québécois. Il est déjà devenu, et le sera plus encore demain, la source de création d'immenses richesses. Il est la voie par laquelle les générations futures bâtiront l'État moderne dont elles auront besoin.
Notre prochain défi est de mettre à la disposition de la collectivité l'ensemble de ces richesses. C'est ce qu'on appelle le gouvernement ouvert.

Comme vous le voyez, les enjeux de la gouvernance des ressources informationnelles sont cruciaux et déterminants pour l'avenir du Québec.

Le diagnostic.

Avant d'envisager les solutions proposées pour améliorer la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles, il nous faut faire un diagnostic le plus précis possible.

Comment expliquer la succession d'échecs dans la mise en œuvre de nombreux projets informatiques gouvernementaux ces dix dernières années ? Comment expliquer les défaillances dans la gestion de la plupart de ces projets, comme en témoignent les dépassements de coûts systématiques, et souvent dans des proportions faramineuses ?

Les systèmes d'information des organisations, et en particuliers ceux de l'État, sont devenus des systèmes fortement intégrés, complexes, hétérogènes et en mutation constante.

Ce changement mal anticipé de paradigme explique, d'après nous, en grande partie l'impasse à laquelle ont menées les politiques précédentes.

Pour mettre en œuvre ces systèmes d'information modernes, l'organisation se doit d'abord d'être maître de l'ensemble de ses composants. Elle doit en être pleinement propriétaire.

Elle doit posséder l'outillage technologique nécessaire. Enfin, elle doit mettre en œuvre une méthodologie de gouvernance de projet adaptée.

En utilisant massivement des logiciels qui, par leurs licences, restreignent drastiquement l'usage qu'elles peuvent en faire - je parle ici des logiciels privatifs -, les administrations se sont privées de la liberté d'adapter continuellement leurs outils à leurs besoins. Ceci entraînant un surcoût et un gâchis de ressources financières et humaines incommensurables.

En se privant d'utiliser l'extraordinaire boîte à outils disponible sur Internet, elles se sont condamnées à reconstruire sans cesse ce qui existait déjà.

Enfin, en mettant en œuvre des méthodologies de gouvernance de leurs projets dépassées, elles se sont privées de la mutualisation extrêmement bénéfique des ressources logiciels et de l'expertise humaine rare et coûteuse.

Le logiciel libre est la réponse apportée par l'industrie du logiciel pour bâtir les nouveaux systèmes d'information modernes. Incontournable, il est devenu la norme dans cette industrie à travers le monde.

Il n'est pas une garantie en soi du succès des projets informatiques. Bien d'autres paramètres rentrent en ligne de compte. Mais l'APELL affirme que le logiciel libre est la seule voie possible pour bâtir des systèmes d'information modernes.

Qu'est-ce que le logiciel libre ?

Tout d'abord, il est essentiel d'indiquer que les logiciels libres ne sont pas des produits en plus ou de nouveaux produits. Ce ne sont pas des solutions. Les logiciels libres ne constituent pas une alternative. Ils sont véritablement une nécessité des systèmes d'information modernes. Ils permettent de bâtir des systèmes d'information complexes, hétérogènes et en mutation constante.

Les logiciels libres sont avant tout une fantastique innovation organisationnelle.

Le modèle du logiciel libre se constitue autour de trois éléments inséparables, qui en font sa qualité :
1. Un cadre juridique adapté.
2. Un vaste ensemble de composants logiciels.
3. Une méthodologie.

Le premier élément est le cadre juridique adapté : il s'agit de la licence GPL et de ses dérivées qui organisent le commerce du logiciel sous la forme d'un marché libre et concurrentiel. Cette licence donne le droit d'étudier, de modifier, de redistribuer le logiciel qu'on aura éventuellement pu acheter.  Ainsi, par ce cadre juridique, l'organisation qui l'utilise est pleinement propriétaire de son logiciel.

Le deuxième élément concerne un vaste ensemble de composants logiciels disponibles sur Internet qui répondent à la plupart des besoins existants en informatique. Certains sont élémentaires, d'autres constituent des ensembles complets.
Ces briques permettent de bâtir rapidement et efficacement des systèmes complexes et sophistiqués. Elles sont disponibles dans la plupart des cas, gratuitement.

Le troisième élément est d'ordre méthodologique. Il se compose d'un ensemble de méthodologies que l'on désigne sous le nom d'Agile. Elles permettent d'appréhender la complexité, d'organiser les développements collaboratifs, d'assurer une utilisation optimum des ressources, en organisant la mutualisation de l'expertise et des composants logiciels.

Le logiciel libre, de par sa nature, assure la pérennité des investissements logiciels, matériels et humains.

Il est la condition de la modernisation de l'administration publique.

Le remède proposé.

Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les députés,

La loi 133 proposée donne au gouvernement les moyens juridiques et organisationnels afin de mettre en œuvre la politique-cadre que celui-ci souhaite mener.

Cette politique se résume en cinq points :
• tirer profit des ressources informationnelles en tant que levier de transformation;
• investir de façon optimale et rigoureuse;
• optimiser la gestion de l'expertise et du savoir-faire;
• assurer la sécurité de l'information;
• tirer profit des logiciels libres.

Tout d'abord, je voudrais dire que l'Association Professionnelle des Entreprises en LogicielsLibres salue la volonté politique exprimée de modifier en profondeur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles actuelles et adhère en tout point aux objectifs de la politique-cadre.

Nous saluons la reconnaissance, tant attendue, par l'État du rôle que notre industrie peut jouer dans le processus de modernisation de l'État québécois.

Les changements à opérer sont immenses; ils doivent se faire progressivement et de manière raisonnée. Ils doivent se faire par contre avec détermination.

Cependant je dois faire observer, que, pendant que le gouvernement du Québec annonce une politique des petits pas, le reste du monde, lui, court.

Je dois également faire observer que les cinq objectifs de la politique-cadre sont affichés sur le site web du Ministère des Services Gouvernementaux depuis de nombreuses années, y compris à propos du logiciel libre.

Nous souhaitons, dès à présent, apporter notre contribution en suggérant à la commission un certain nombre d'amendements au projet de loi 133 qui permettront au gouvernement d'avoir réellement les moyens nécessaires pour mener à bien cette politique. Une partie de ces propositions ont été déposées ce matin au secrétaire de la commission et, puisque le temps m'est compté, je souhaiterais simplement insister sur deux d'entre elles qui nous paraissent essentielles.

La loi doit prendre acte du changement de paradigme majeur que j'évoquais en introduction : les systèmes d'information de l'État n'ont plus seulement comme fonction d'automatiser des processus de production, mais forment un tout indissociable et constituent dorénavant un patrimoine numérique qu'il s'agit d'enrichir, de développer et de protéger.

La loi doit donner le mandat au dirigeant principal de l'information - ou bien au Conseil du trésor - de s'assurer que l'État possède la pleine propriété sur ce patrimoine commun.

Une deuxième proposition sur laquelle j'aimerais insister consiste à donner des moyens concrets au Dirigeant principal de l'information pour tirer profit des logiciels libres.

Les deux grands avantages du logiciels libres sont d'ordre financier et méthodologique :

1. Ils permettent de mettre en œuvre la mutualisation des ressources logiciels et
l'expertise professionnelle, ouvrant la voie à des économies considérables.
2. Ils permettent de mettre en œuvre des processus innovants quant à la gouvernance
de projets informatiques (Agile), permettant de mener à bien des projets complexes.

Si le gouvernement souhaite tirer profit du logiciel libre, il doit mettre en place un lieu où cette mutualisation et cette nouvelle gouvernance se réalisent. Et inversement, sans ce lieu, l'État ne pourra pas tirer profit du logiciel libre.

Pour cela, l'APELL propose d'intégrer dans la loi la création d'un Centre d'innovations et de convergence numérique du Québec, dont le rôle moteur doit être :

Innover, mutualiser, conseiller.

Innover : avoir un coup d'avance sur les Ministères et organismes, donner une vision tant au niveau des outils qu'au niveau des modèles organisationnels (méthodologie Agile).

Mutualiser : minimiser les dépenses redondantes, maximiser les expertises offertes, organiser la collaboration et le partage des ressources entre les Ministères et organismes, fédérer les Ministères autour d'une vision commune.

Piloter/conseiller : les grands projets de l'État numérique .

Passer d'une logique de centre de coût (ventes de services partagés) à un centre de création de valeurs (innovation et modernisation). Concentrer du savoir-faire. Agir comme Centre d'expertises et de formation en Logiciels Libres. Organiser la mutualisation des développements.

Par leur nature pérenne et par les méthodologies qui sont mises en œuvre, les logiciels libres permettront à l'État d'investir de façon optimale et rigoureuse.

Par la capacité d'organiser le travail collaboratif et la mutualisation des ressources informationnelles et humaines, les logiciels libres permettront à l'État d'optimiser la gestion de l'expertise et du savoir-faire.

Par le contrôle complet qu'ils donnent à son propriétaire, les logiciels libres permettront d'assurer et de garantir à l'État une véritable sécurité de ses systèmes d'information.

Ce centre d'innovation  et de convergence numérique sera l'outil qui permettra de faire des ressources informationnelles le levier de transformation et de modernisation de l'État québécois.

Nous insistons : les difficultés de gouvernance et de gestion des ressources informationnelles de ces dernières années ne sont pas dues à une simple défaillance au niveau de la gestion budgétaire. Elles trouvent leurs causes dans une vision dépassée des technologies disponibles et des structures organisationnelles inadaptées - je pense notamment au CSPQ.

Le Centre d'Innovation et de Convergence Numérique du Québec est l'outil qui permettra au gouvernement de relever les défis de la politique-cadre.

Allocution d'ouverture du Salon du Logiciel Libre de Québec

Il y a bien longtemps que je ne me suis pas exprimé sur ce blog. Hier a débuté le Salon du Logiciel Libre de Québec. Voici mon allocution d'ouverture :

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais tout d'abord remercier M. Robert Mantha, Doyen de la Faculté des Sciences de l'Administration et Monsieur Denis Brière, Recteur de l'Université de Laval, pour avoir eu l'extrême gentillesse de mettre à notre disposition, non seulement ces magnifiques espaces, mais également une formidable équipe d'un grand professionnalisme qui, sans laquelle, je dois dire, nous aurions été complètement dépassé par l'ampleur du succès de l'événement. Je voudrais aussi particulièrement et chaleureusement remercier Daniel Pascot, pour avoir permis d'établir les premiers contacts. Le professeur Pascot, mon complice et ami, est également président de l'association FACIL. FACIL, pour l'Appropriation Collective de l'Informatique Libre.

Mesdames, Messieurs, trois grands chantiers attendent le Québec. Ces trois grands chantiers, bien qu'en apparence indépendants, sont en fait étroitement liés, et, j'en ai la profonde conviction, détermineront la prospérité et l'avenir du Québec.

Le premier d'entre eux est le chantier de la connectivité Internet. Le deuxième est celui du logiciel libre, le troisième chantier, celui du gouvernement ouvert.

Comme vous le savez, le Québec souffre d'un retard dramatique quant à la connectivité Internet et ce retard se creuse chaque jour avec le reste du monde.

Pourtant, il est clair maintenant pour tous que l'avenir des économies de nos pays passera par le numérique. Il est clair que l'essentiel de nos richesses transitera à travers ces réseaux. Les entreprises ont besoin de réseaux performants pour communiquer avec leurs fournisseurs, avec leurs employés, avec leurs partenaires, mais surtout avec leurs marchés. L'État a besoin de réseaux performants pour se moderniser, fournir des services adaptés et communiquer efficacement avec ses administrés.

Des réseaux performants sont également essentiels pour tous les citoyens : l'étudiant pour communiquer avec ses professeurs, pour accéder aux savoirs ; le citoyen ordinaire, chacun de nous qui, aujourd'hui, organise sa vie sociale, exprime ses opinions, s'implique dans la cité à travers ces réseaux.

C'est aussi un enjeu essentiel pour le désenclavement de nos régions et pour la maitrise de notre territoire. Quelle entreprise aujourd'hui serait prête à s'installer dans des régions éloignées sans un accès Internet performant et à moindre coût ?

Je le dis en tant qu'entrepreneur, en tant que président d'une Association professionnelle d'entreprises : c'est à la collectivité, pour ne pas dire à l'État, comme pour le réseau routier, d'organiser et de mettre en place ces infrastructures. Il existe des solutions. Le Québec possède un outil puissant qui s'appelle Hydro-Québec. Partout où il y a des fils électriques, nous devons demander à notre compagnie nationale d'y adjoindre de la fibre optique.

Un mot rapide sur l'économie de l'Internet. Deux problématiques très concrètes sont au cœur de son développement : comment alimenter en électricité cette fantastique machinerie et comment la refroidir. Je pense qu'il est inutile ici de rappeler que le Québec possède des atouts considérables et exceptionnels.

C'est une question de choix : soit le Québec revend son électricité à bas coût aux provinces et pays voisins, et là-bas se créeront des emplois, de la richesse et du savoir-faire ; soit le Québec utilise son électricité pour bâtir un formidable projet collectif porteur d'espoir, créateur d'immenses richesses et de dizaines de milliers d'emplois.

Oui, nous pouvons et devons faire du Québec le centre de l'Internet de l'Amérique du Nord.

La question du logiciel libre.

Mesdames, Messieurs. La situation au Québec me fait penser à un vieux et magnifique film japonais que j'ai revu récemment et que peut-être connaissez-vous. Il s'appelle La Harpe de Birmanie. Ce film d'Ichikawa relate l'histoire d'un jeune soldat japonais envoyé, plusieurs semaines après la capitulation, tenter de convaincre une garnison retranchée de se rendre. «La guerre est finie, venez reconstruire notre pays plutôt que de vous sacrifier inutilement au nom de valeurs dépassées. » Voilà le message qui leur adresse. Alors, aujourd'hui, ma harpe c'est ce petit micro, et je viens dire, à ceux qui refuse d'ouvrir les yeux, qu'en termes d'efficacité et de décisions d'affaire, la bataille du logiciel libre est gagnée.

Elle est gagnée à peu près partout dans le monde sauf au Québec. Dois-je rappeler que la plus formidable création de richesse de ces dernières années s'appelle Google ? Cette extraordinaire aventure s'est construite grâce au logiciel libre.

Dois-je dérouler la liste de ces empires qui se sont constitués en quelques années sur Internet et ont changé notre vie ? Google, Wikipedia, Ebay, facebook, Twiter, Paypal, LinkedIn... J'arrête l'énumération de la liste, car ce qu'il y a de remarquable dans cette liste c'est qu'elle ne souffre aucune exception : toutes les innovations technologiques issues de l'Internet de ces dernières années sont construites sur du logiciel libre.

Mesdames, Messieurs, le logiciel libre est la conséquence d'un nouveau cadre juridique qui organise le commerce du logiciel. Il organise ce commerce sous la forme d'un marché libre et concurrentiel. Il s'oppose à l'ancien modèle qui organisait le marché dans une logique de monopoles.

Aujourd'hui, la question politique se pose clairement : sommes-nous pour un marché libre et concurrentiel ou pour un marché qui relève d'une logique de constitutions de monopoles dont l'essentielle de la plus-value nous échappe ?

Cette question, les responsables politiques du Québec doivent publiquement y répondre et tirer les conséquences de leur réponse.

Le logiciel libre constitue une opportunité unique pour les entreprises québécoises, pour l'indépendance technologique et la compétitivité du Québec.

Il est la condition de la modernisation de l'administration publique.

Le logiciel libre est un outil de souveraineté et de politique industrielle ; il est un moyen de maîtrise des finances publiques. Parce qu'il est créateur d'emplois locaux et à haute valeur ajoutée, le logiciel libre participe à un développement économique durable. Le logiciel libre assure aux citoyens une utilisation transparente de l'argent public. Il participe à la préservation des libertés fondamentales à l'ère du numérique et au partage du savoir.

Le logiciel libre n'est pas une question de gauche ou de droite, ça n'est pas non plus une question de fédéralisme ou de souverainisme. C'est pourtant une question politique majeure.

Pour assurer sa prospérité de demain, le Québec doit se confronter à la modernité.
Nous avons les moyens de faire du Québec le chef de file mondial de l'industrie du logiciel libre. C'est en tout cas mon ambition, j'y travaillerai sans relâche.

Pour conclure, je voudrais évoquer ce qu'on appelle le gouvernement ouvert. Cette question sera traitée demain en profondeur au cours de plusieurs tables rondes. Elle est essentielle, et ne se résume pas à la mise à disposition par des entreprises privées, des données publiques. Cette question relève davantage, me semble-t-il, tout simplement, de l'appropriation collective de l'informatique libre.

Une connectivité Internet qui couvre l'ensemble du territoire associée à une politique ambitieuse d'utilisation de logiciels libres ouvrent la voie à la refondation du pacte social entre les citoyens et l'État.

J'invite chacun à réfléchir à ce nouveau type de lien social que les nouvelles générations inventent en collaborant ensemble sur Internet pour construire ces logiciels qui façonnent aujourd'hui notre vie. Un nouveau lien qui s'appuie sur les valeurs de liberté, de tolérance, de travail, de partage et de collaboration.

Mesdames, Messieurs, je forme le vœu que le Québec se souvienne.

Je forme le vœu que le Québec se souvienne que ce sont précisément sur ces valeurs que ce pays s'est construit à travers le temps.

Et, j'en ai l'intuition, c'est précisément parce que les valeurs de la société québécoise faites de liberté, d'ouverture à l'autre, de travail, de partage rencontrent celles du logiciel libre que nous sommes aujourd'hui si nombreux.

Ce grand projet collectif qui nous attend, c'est celui de la modernité et de l'espoir, c'est aussi celui du Québec tout entier porté par ses valeurs.

Mesdames, Messieurs, je vous remercie.

Un nouveau chapitre

Tout est dans cet article du Devoir : http://www.ledevoir.com/societe/justice/292187/vive-le-logiciel-libreJe vous souhaite à tous un bel été !Librement,

Le jugement

Je dédie et je fais cadeau de ce jugement à toute la jeunesse du Québec.

Je dis à cette jeunesse : le monde vous appartient.

Il n'appartient pas aux multinationales.Il n'appartient pas aux fonctionnaires. Il n'appartient pas à ces États qui ont oublié qu'ils étaient d'abord au service de tous.

Je dis aussi que c'est avec des valeurs que l'on crée de la richesse. Et que de la richesse sans valeurs, c'est du pillage.

Je pense maintenant à tous ceux qui m'ont soutenu ces deux dernières années. Merci pour votre confiance indéfectible.

Un merci particulier à Me Marc-Aurèle Racicot et Me Julius Grey pour leur travail et pour avoir accepté de m'accompagner sur cette longue route.

À bientôt,

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